Ni Dieu, ni maître... sauf Johaaann
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 La Valse des Morts [accessoirement] pantins

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Johaaann
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Johaaann


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MessageSujet: La Valse des Morts [accessoirement] pantins   La Valse des Morts [accessoirement] pantins Icon_minitimeMar 20 Mar - 3:42

[Enjamber la rambarde, passer le cap… attention qu’ils ne cassent pas !]


Seule, dans la nuit froide, elle courait, les larmes fuyant son corps et elle, fuyant la vie. Elle s’arrêta au beau milieu d’un pont, monta sur la rambarde et regardait le fleuve. Elle voulait plonger dans l’infinité de ce cours d’eau, ne voulant faire qu’une avec l’eau paisible et calme…

« C’est décidé, je veux mourir ».

Un homme passait par là, paisiblement. Il fumait la pipe et promenait son chien. Il vit cette fille tellement décidée à mourir…

« Encore une, pensa t’il. »

Il s’approcha d’elle, calmement. Elle était totalement désemparée, elle tremblait… Elle ne voyait que l’eau, pas l’homme… Il se plaça posément derrière elle et dit :

« Belle soirée, non ? L’eau est paisible… Les étoiles scintillent, le ciel est dégagé… Beau temps pour mourir, n’est-ce pas ? »

Elle cria, sans se retourner, sans regarder son interlocuteur, comme si cela n’avait aucune importance…

« Chut… Je veux mourir »

Le chien se mit à gémir. L’homme s’agenouilla et lui mit la main sous la truffe. Pendant que cette adorable petite bête le léchait, il répondit :

« Ainsi soit-il… Bonne soirée ! »

Le promeneur reprit son chemin comme s’il n’avait rien vu. Paisiblement, il alla dans le parc au bout de la rue. Il lâcha son chien… Il était content. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pris plaisir à gambader et à courir après une simple balle en caoutchouc. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas épuisé en jouant avec son maître… Ce n’est pas facile d’habiter un appartement quand on a un chien ! Au bout d’une demi-heure et d’une pipe supplémentaire, l’homme décida de repartir.

Elle était toujours là… Elle n’avait pas bougé d’un cil mais son mascara masquait son joli visage. L’homme lui dit en passant derrière elle :

« Vous n’avez pas encore sauté ? Vous voulez un coup de main, peut-être ? »

Le sang de la fille se glaça, elle perdit son teint rougeâtre et devint blanche derrière ce masque de mascara. Elle tourna doucement la tête pour voir l’homme.

« Vous comptez rester ici longtemps ? Il va bientôt faire jour… Les voitures, les passants… Cela risquerait de faire désordre… Arrangez-vous au moins pour qu’il n’y ait pas d’embouteillage pour huit heures, c’est à cette heure-là que je vais au boulot… »

L’homme continua sa route… Lorsqu’il disparut au loin, elle décida de repasser de l’autre côté de la rambarde. Le dégoût que lui avait inspiré cet homme la motivé à rester vivante, bizarrement. Peut-être espérait-elle le recroiser pour lui fermer son clapet ? Ou peut-être se disait-elle que les acteurs de la vie qu’elle voulait fuir valaient bien mieux que cette espèce d’ordure. Malheureusement, elle glissa…

La jeune fille était dans l’eau, elle se débattait, non pas qu’elle ne savait pas nager mais plutôt par panique… L’eau était pourtant calme mais elle toucha le fond, très rapidement…. L’eau emplissait ses poumons… Elle ne pouvait plus se débattre… Elle avait réussi à mourir… mais ne le voulait plus.



Le soleil se lève, les oiseaux chantent, les voitures klaxonnent : changement de décor radical.




« Chérie, il y aura certainement une nouvelle suicidée qui fera la une du journal…
-Encore ?
-Oui…
-Toujours au même endroit ?
-Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le pont des âmes en peine…
-Tu l’as vue ?
-Oui, je lui ai même parlé… Apparemment, elle voulait crever… Mais bon, je n’en crois rien… Et dans ces cas-là, quand on change d’avis, c’est trop tard.
-Il n’y a plus de jeunesse… On devrait se battre pour la vie… pas pour la mort ! C’est un cadeau merveilleux, la vie… N’est-ce pas ?
-Oui, très chère… Mais bon, il est facile de dire qu’on n’a pas demandé un tel cadeau… bien que la politesse veuille qu’on accepte tous les cadeaux ! »

Ils s’embrassèrent…

« Allons réveiller notre chère fille, elle va être en retard pour le lycée… »

La femme franchit les quelques pas qui séparaient la cuisine de la chambre de sa fille. Elle frappa doucement.

« Toc. Toc.Toc.
-…
-Chérie ?
-… »

Comme la seule réponse fut le silence, elle décida d’entrer à l’intérieur de la chambre. Elle vit un lit défait et une lettre posée sur la table de chevet.

« Chers parents,

Lorsque vous lirez cette lettre, il sera certainement trop tard. Les eaux bleues m’auront déjà emportée loin d’ici… Les poissons me boufferont les yeux… Mon corps sera sûrement retrouvé dans un filet de pêche ou coincé dans les hélices du moteur d’un bateau… Mais qu’importe !

Quoiqu’il advienne de mon corps, je serai loin d’ici. Je ne sais pas si je serai dans un pays où le soleil brille, les oiseaux chantent et où l’herbe est verte à longueur de temps mais je serai certainement quelque part où je serai heureuse.

Voilà, tout à l’heure, je me suis rendue compte à tel point j’étais inutile. J’avais l’impression que je ne servais à rien. Je suis comme la potiche blonde qu’on met à côté d’un homme intelligent pour que les mateurs et les matheux regardent une émission scientifique ou comme la petite ombrelle qu’on met dans un cocktail : on le met mais personne n’a jamais su pourquoi…

Je suis née et je ne saurai jamais pourquoi.

Voilà… J’ai cette pulsion qui me dit de franchir le cap… De mourir de mon plein gré…

Je vais mourir… Que vous le voulez ou non…

Mais sachez que ce n’est pas de votre faute… Je vous aime ! »

La femme trembla, sua et lâcha un immense cri silencieux. Elle transforma cette lettre teintée de larmes en une boule difforme et bleutée. L’homme entra, regarda sa femme puis la boule. Elle essayait de communiquer mais aucun son audible ne voulut quitter sa bouche. Il attrapa ce morceau de papier froissé et le déroula afin de le lire. Il remonta ses lunettes, parcourut la lettre des yeux et alluma sa pipe tandis qu’elle réussit enfin à pousser un cri.

« Pourvu qu’il y ait encore des embouteillages… Pourvu qu’il y ait encore des embouteillages… »

Il répétait cette phrase sans cesse comme s’il était en transe. La pipe à la bouche, les lunettes sur les yeux, il prit la voiture afin de se rendre sur le pont des âmes en peine. Il n’y avait pas d’embouteillage : elle avait fini par sauter ! Il fit un dérapage au milieu de la chaussée et sortit de sa voiture en courant vers la rambarde qui avait servi de perchoir à la fille au mascara envahissant.

« Il y en a des embouteillages maintenant ! Il y en a, marmonna t’il en pleurant. »

Klaxons, insultes, protestations des automobilistes. Il se rapprocha de la rambarde, l’enjamba et sauta…



« J’aurais dû reconnaître ma fille… Père indigne… Et même si ce n’était pas elle, j’aurais dû l’aider plutôt que de ne pas la croire. »



La femme était effondrée… Elle tenait fermement la lettre, la lisait, la relisait… Elle se demandait ce qu’elle avait fait de mal ! Elle culpabilisait, reportait la culpabilité sur son mari, sur les professeurs de son lycée, sur ses amis, sur le type louche qu’elle fréquentait. C’était un drogué de toutes manières. Elle savait que le soleil ne brillerait plus à l’intérieur de son doux foyer, elle savait qu’elle n’entendrait plus les rires ou les pleurs de sa fille. Elle se calma une seconde, le temps d’apercevoir les crêpes posées sur la table. Elle tenait encore la lettre, elle la lisait, la relisait. Elle savait que sa fille ne mangerait plus de crêpes. Elle ne mangerait même plus rien de toutes manières. Soudain, comme hypnotisée, elle se releva… Elle ouvrit la porte du four, tourna le bouton et partit se rasseoir, n’ayant toujours par lâché la lettre.

Elle attendait…

La porte s’ouvrit. Une jeune fille entra Elle vit sa mère assise sur le fauteuil, elle sentit tout de suite le gaz.

« Que se passe t’il, maman ?
-Je viens te rejoindre…
-Tu as lu la lettre ? Regarde maman… Je suis là ! »

Elle sortit une boîte d’allumettes de la poche de son tablier.

« Maman… Cette lettre, je l’ai retrouvée dans la poche d’une amie… Elle avait oublié sa veste, hier… Quand j’ai vu le papier dépasser de sa poche, je l’ai pris, je l’ai lu…
-Ne t’inquiète pas, ma fille… Je viens te rejoindre… Vivre sans toi, c’est impossible… »

L’odeur du gaz devenait de plus en plus présente… La jeune fille éclata en sanglots. Entre deux reniflements accompagnés de larmes et de morve, elle cria :

« Maman, arrête… Je n’ai pas écrit cette lettre… J’étais partie la trouver avant… Ce n’est pas moi qui aie voulu me suicider… Je t’en prie, écoute-moi ! »



Marie était fleuriste depuis vingt-cinq ans. Elle posait des fleurs devant son magasin. Des roses, des bleuets, des coquelicots, des petits orangers parfois ! Elle égayait la rue de ses couleurs tous les jours… Les passants aimaient sentir ces fleurs, les observer. Parfois, quelques uns se risquaient à entrer chez la fleuriste pour observer les prix. C’était cher mais tellement beau ! Marie était la fleuriste la plus réputée à une dizaine de kilomètres à la ronde.

Alors qu’elle était en train de préparer des chrysanthèmes pour des funérailles, une explosion se fit entendre. Elle sortit de sa boutique et vit l’immeuble en flammes…

« Zut, il m’en faudra beaucoup plus ! »

Hélas, elle ignorait que sa fille avait enjambé la rambarde, la veille au soir. Et effectivement, il allait lui en falloir beaucoup plus.
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